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LA CONVERSION DE JEANNE

donner des ordres à sa petite domestique, quand Kitty, avec cet air d’alarme auquel les domestiques prennent plaisir, entra chez elle sans frapper, les mains sur son cœur, comme si cet organe courait quelque sérieux danger.

« Je vous en prie, madame, ma maîtresse est-elle ici ?

— Non, Kitty, pourquoi venez-vous me demander cela ?

— Parce que depuis hier matin madame n’est pas rentrée à la maison ; nous avions craint qu’il ne lui fût arrivé quelque chose.

— Non, ne vous effrayez pas, Kitty. Votre maîtresse est en sûreté ; je sais où elle est. Votre maître est-il de retour ?

— Non, madame ; il est parti hier et il a dit qu’il ne reviendrait pas avant ce soir.

— Bien, Kitty ; il n’est rien arrivé à votre maîtresse. Vous n’avez pas besoin de parler à personne de son absence de chez elle. J’irai bientôt chercher sa robe et son chapeau, dont elle a besoin. »

Kitty, s’apercevant qu’il y avait un mystère qu’elle ne devait pas chercher à pénétrer, retourna à la rue du Verger, réellement contente que sa maîtresse fût en sûreté, mais désappointée cependant d’apprendre qu’il n’y avait pas à s’effrayer. Elle fut bientôt suivie par Mme Raynor, qui venait prendre la robe et le chapeau. La bonne mère, en apprenant que Dempster n’était