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SCÈNES DE LA VIE DU CLERGÉ

velle scène. Madame est peut-être partie pour ne pas revenir.

— Et elle aura raison, dit Betty. Il y a longtemps qu’à sa place je me serais sauvée. Je ne me laisserais pas maltraiter par mon mari, fût-il le plus gros lord du pays. C’est une triste chose que d’être mariée à ce prix-là. J’aimerais mieux être cuisinière sans aide de cuisine et devoir penser tout à la fois à rôtir, bouillir, frire et mettre au four. Elle a bien le droit de faire ce qu’elle fait. Moi-même, je suis assez contente de prendre une goutte de quelque chose quand je suis ennuyée. Je suis bien abattue, tout de même, ce soir ; je crois que je vais mettre ma bière dans la casserole pour la réchauffer.

— Quelle personne vous êtes de faire réchauffer votre bière, Betty ! Je ne pourrais boire cela — une mauvaise drogue amère !

— C’est bon à dire ; si vous étiez cuisinière, vous sauriez ce qui convient à une cuisinière. Ce n’est pas déjà agréable, je vous assure, d’avoir des défaillances d’estomac. Vous ne penseriez pas autant aux rubans de votre bonnet, alors.

— Bien, bien, Betty, ne grondez pas ; Liza Thomson, qui est chez les Phipps, me disait dimanche dernier : « Je ne puis comprendre que vous restiez chez les Dempster, il s’y passe de telles choses ! » Mais je lui ai répondu : « Il y a dans chaque place des choses dont il faut