Page:Eliot - La Conversion de Jeanne.djvu/221

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
217
LA CONVERSION DE JEANNE

elles nous regardent avec des yeux sympathiques et nous parlent avec des accents entraînants ; elles sont revêtues d’une âme humaine vivante, avec toutes ses luttes, sa foi, son amour. Alors leur présence est un pouvoir, alors elles nous émeuvent comme une passion, et nous sommes entraînés par elles avec une douce contrainte, comme la flamme est attirée par la flamme.

Le noble visage de Jeanne était devenu tout calme, et elle leva les yeux avec une expression humble et enfantine sur le maigre visage pâle et sur les grands yeux qui brillaient maintenant d’un éclat extatique. On aurait pu la prendre pour l’image de la force passionnée vaincue et épuisée par la lutte ; et lui pour une image du renoncement par la foi qui a calmé et changé cette lutte en repos. Comme il regardait ce doux visage soumis, il se rappela le regard d’angoisse désespéré de Jeanne, et son cœur était plein lorsqu’il la quitta. « Puissé-je vivre assez longtemps pour voir la confirmation de cette œuvre, et alors… »

Il était près de dix heures lorsque M. Tryan partit ; mais Jeanne était impatiente de voir sa mère. Mme Pettifer mit son chapeau et alla elle-même chercher Mme Raynor. La pauvre mère s’attendait trop bien à ce que chaque semaine serait plus pénible que la précédente, pour que les nouvelles que lui apportait Mme Pettifer la