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SCÈNES DE LA VIE DU CLERGÉ

tance, se préoccupaient aussi peu de ce que leurs filles pussent lire un choix de poésies allemandes et fussent capables d’exprimer de l’admiration pour Schiller, que de les voir tourner leurs cheveux dans un autre sens, afin qu’au lieu de nous menacer par des barricades de face, elles fussent plus meurtrières par la retraite, « et que, comme les Parthes, elles pussent blesser en fuyant ».

Ces charmantes dames bien frisées parlaient à la vérité le français avec une étonnante facilité, sans laisser percer la moindre timidité, et elles avaient l’habitude de s’entretenir dans cette langue en présence de leurs aînées, moins instruites ; leur éducation avait été très coûteuse ; telles jeunes personnes, comme miss Landor, miss Phipps et les miss Pittman, avaient été « finies » dans des pensionnats lointains et fort chers.

Le vieil avocat Pittman avait jadis été un personnage important ; il avait eu dans sa jeunesse le maniement des affaires de plusieurs messieurs des environs, obligés plus tard de tout vendre et de quitter le pays, par suite d’une crise, pendant laquelle M. Pittman avait bien voulu se présenter comme acquéreur de leurs propriétés, en assumant pour lui-même le risque d’une vente moins précipitée, ce qui se trouva tourner à son avantage. De telles occasions se présentent d’une manière inattendue dans le cours des affaires. Mais je crois que M. Pittman