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SCÈNES DE LA VIE DU CLERGÉ

supporter. Vous n’avez jamais eu ce sentiment coupable que j’ai eu si souvent, n’est-ce pas ? le sentiment que Dieu était cruel de m’envoyer des épreuves et des tentations plus qu’aux autres.

— Je l’ai éprouvé ; j’ai eu des pensées blasphématoires, et je sais que cet esprit de révolte doit avoir fait la pire de vos afflictions. Vous ne sentiez pas combien il nous est impossible de juger avec justice les voies de Dieu, et vous vous refusiez à bénir sa volonté. Mais que savons-nous ? Nous ne pouvons prédire le plus petit événement de notre propre vie ; comment pourrions-nous juger de choses qui sont tellement au-dessus de nous ? Il n’y a rien qui nous convienne mieux qu’une entière soumission, une parfaite résignation. Aussi longtemps que nous mettons notre propre volonté en face de celle de Dieu, nous bâtissons entre nous et son amour ce mur dont je viens de vous parler. Mais, aussitôt que nous nous jetons entièrement à ses pieds, il nous est accordé assez de lumière pour guider nos pas, comme le soldat qui n’entend rien des conseils qui déterminent la direction de la grande bataille où il se trouve, entend bien assez positivement le commandement auquel il doit obéir. Je sais, chère madame Dempster, je sais que cela est pénible — la chose la plus pénible, peut-être — pour la chair et pour le sang. Mais présentez cette difficulté au Christ avec vos péchés et vos faiblesses, et demandez-lui de vous donner l’es-