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SCÈNES DE LA VIE DU CLERGÉ

sentit une vive compassion à la vue de ce visage douloureux qui portait les signes visibles de tant d’épreuves. Son cœur à elle tressaillit lorsque leurs yeux se rencontrèrent de nouveau. Non ! elle ne s’était point trompée : les regards du pasteur avaient bien toute la sincérité, toute la tristesse, toute la pitié que sa mémoire lui rappelait ; plus encore, dans ce visage plus maigre et fatigué, les yeux paraissaient avoir gagné en puissance.

Il s’avança et dit en lui tendant la main : « Je suis bien aise que vous m’ayez envoyé chercher ; je suis reconnaissant de ce que vous ayez pensé que je pusse vous être de quelque secours ». Jeanne lui prit la main en silence : elle était incapable de dire aucune parole de simple politesse ou même de gratitude ; son cœur était trop plein des autres paroles qui s’étaient accumulées au moment où elle rencontra son regard de compassion et où elle sentit ses doutes s’évanouir.

Ils s’assirent en face l’un de l’autre, et elle lui dit à voix basse, tandis que des larmes s’amassaient lentement dans ses yeux endoloris :

« J’ai besoin de vous dire combien je suis malheureuse, combien je suis faible et coupable. Je n’ai aucune force, ni pour vivre, ni pour mourir. J’ai pensé que vous pourriez me dire quelque chose qui m’aiderait. »

Elle s’arrêta.

« Peut-être le pourrai-je, dit M. Tryan, car,