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SCÈNES DE LA VIE DU CLERGÉ

Milby ; cependant, il n’y avait qu’une seule voiture fermée : c’était celle du vieux M. Landor, le banquier, qui, dans cette calèche un peu lourde, attelée d’un seul cheval, conduisait, aux yeux éblouis du vulgaire, ces dames somptueusement parées.

Les jeunes messieurs ne négligeaient point non plus d’étaler leur élégance du dimanche. M. Eustache Landor, étant presque majeur, venait de s’acheter une bague de diamant qui lui avait fait contracter l’habitude de passer fréquemment la main dans ses cheveux. Il était grand et brun, et avait ainsi un avantage sur M. Alfred Phipps, qui était blond et court, ainsi que sa sœur, et s’efforçait de compenser cette infériorité en apportant la plus rigoureuse attention à ses garnitures de chemise et au choix du brun qui pourrait le mieux faire ressortir les boutons dorés de son habit.

Le respect pour le sabbat, indiqué par cette attention donnée au costume, était malheureusement contrebalancé par une inqualifiable légèreté de tenue pendant les prières et le sermon, car la jeunesse de Milby avait l’esprit très satirique. Miss Landor, surtout, était regardée comme très prompte à la moquerie, et, dans une congrégation dont l’infériorité vis-à-vis d’une petite aristocratie moins nombreuse se trahissait par leurs costumes et leurs manières, le service divin offrait d’irrésistibles tentations de plaisan-