Page:Eliot - La Conversion de Jeanne.djvu/199

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
195
LA CONVERSION DE JEANNE

de chambre : « Mme Dempster est allée chez sa mère ; apportez le déjeuner ».

Les bonnes, habituées à entendre des querelles domestiques et à voir leur maîtresse mettre précipitamment son chapeau et aller chez sa mère, pensèrent qu’il y avait eu quelque chose d’un peu plus grave qu’à l’ordinaire, pour qu’elle y fût allée de si bonne heure. La femme de chambre le dit à la cuisinière ; celle-ci secoua la tête en disant : « Seigneur ! Seigneur ! » Mais toutes deux s’attendaient à voir bientôt revenir leur maîtresse.

Dempster, en revenant la veille à la maison, avait donné à son domestique, qui demeurait hors de la maison, l’ordre d’amener à dix heures le cheval et le cabriolet. Après le déjeuner il dit à la femme de chambre : « Personne ne veillera pour m’attendre. Je ne reviendrai pas avant demain soir. » Puis il alla à son étude donner quelques ordres, s’attendant à trouver à l’heure dite le domestique et le cabriolet. Mais, quoique l’horloge eût sonné dix heures, il n’y avait pas de voiture. Dans la disposition où était Dempster, c’était plus que suffisant pour l’exaspérer. Il rentra pour prendre son verre d’eau-de-vie avant de partir, se promettant de tempêter bientôt contre Dawes, pour ses quelques minutes de retard. Un accès de colère contre son domestique n’était pas fréquent chez lui ; car Dempster, comme la plupart des gens tyranniques, avait