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LA CONVERSION DE JEANNE

exceptionnelle ; en sorte que les habitudes à Milby n’étaient pas tout à fait mauvaises, et personne n’a le droit de dire que le troupeau du vieux Crewe n’aurait pas pu être pire s’il n’avait point eu de pasteur. Les paroissiens bien mis fréquentaient assez régulièrement l’église, et, quant aux jeunes gens des deux sexes, le service du dimanche matin était pour eux l’événement le plus important de la semaine ; car la sortie de l’église, à une heure, offrait, grâce à l’étalage des toilettes, le spectacle le plus brillant. Il y avait les quatre grandes demoiselles Pittman, les filles du vieux juge Pittman, avec de longues boucles de cheveux, surmontées de grands chapeaux, d’où retombaient de superbes plumes d’autruche d’un vert-perroquet. Il y avait miss Phipps, avec son chapeau rouge-cerise, très relevé par derrière, avec une aigrette de plumes raides au sommet. Il y avait miss Landor, la belle de Milby, royalement vêtue de velours et d’hermine, avec un panache qui n’était ni dressé ni retombant, mais tenait modestement le milieu entre ces deux partis. Il y avait les trois demoiselles Tomlinson, qui imitaient miss Landor et portaient aussi de l’hermine et des plumes ; mais leur beauté paraissait vulgaire et leurs formes massives, en comparaison de la grâce de miss Landor.

Cette procession de dames empanachées vous eût donné une assez haute idée de la richesse de