Page:Eliot - La Conversion de Jeanne.djvu/186

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
182
SCÈNES DE LA VIE DU CLERGÉ

« Entrez, ma pauvre chérie, entrez, dit la bonne femme d’une voix émue. Venez dans mon lit chaud, et que le Dieu du ciel vous soulage ! »

Les yeux bienveillants, la tendre voix, la chaude étreinte amenèrent de nouveaux sentiments chez Jeanne. Son cœur se gonfla, et elle éclata en sanglots violents. Mme Pettifer ne put s’empêcher de pleurer avec elle, mais lui dit : « Montez, ma chérie, venez ; ne vous arrêtez pas au froid ».

Elle entraîna la pauvre créature, qui sanglotait, et la fit entrer dans le lit chaud. Mais Jeanne fut longtemps avant de pouvoir s’étendre. Elle restait assise, la tête sur ses genoux, avec des sanglots convulsifs, tandis que la bonne femme la couvrait de châles et l’entourait de ses bras. Enfin cet état violent s’épuisa de lui-même, et elle se laissa tomber sur l’oreiller ; mais sa poitrine était encore soulevée par des aspirations pénibles, semblables à celles qui agitent un petit enfant après qu’il a trouvé sur les genoux de sa mère un refuge contre son effroi.

Quand Jeanne fut plus calme, Mme Pettifer descendit lui préparer du thé, la première chose à laquelle pense une bonne vieille femme, comme soulagement et fortifiant dans tous les malheurs. Elle ne risquait pas de réveiller sa servante, fille de seize ans, qui dormait dans la mansarde, d’un bienheureux sommeil, et igno-