Page:Eliot - La Conversion de Jeanne.djvu/16

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
12
SCÈNES DE LA VIE DU CLERGÉ

bancs de l’école, dirigée d’après les principes rectifiés, sont remplis par la jeunesse élégante de Milby. Les messieurs invités aux dîners n’y tombent dans aucun excès, que dans celui d’une stupidité de vertueuse et bonne compagnie ; et, quoiqu’on dise que les dames y prennent encore trop de soins de leur parure, on n’en connaît point qui prenne rien de trop sur d’autres sujets. La conversation y est quelquefois très littéraire, car il y a une société de lecture florissante, et plusieurs des plus jeunes dames ont poussé leurs études assez loin et ont appris et oublié un peu d’allemand. Bref, Milby est maintenant une ville élégante, morale et éclairée ; ne ressemblant pas plus à la Milby des anciens jours que la redingote à longs pans qui embarrassaient les chevilles de nos grands-pères ne ressemble au léger paletot dans lequel nous marchons facilement par les rues les plus boueuses ; pas plus que les Bretons au nez en forme de bouteille, se réjouissant autour d’un broc, sur la vieille enseigne des « Deux-Voyageurs » à Milby, ne ressemblent aux messieurs à l’air sévère, en cravate et col droit, qu’un moderne artiste a représentés buvant à petites gorgées le porto imaginaire de cette maison de commerce bien connue.

Mais, je vous en prie, lecteur, éloignez de votre esprit toutes les idées élégantes et fashionables qui s’associent à cet état avancé, et reportez votre imagination au temps où Milby