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SCÈNES DE LA VIE DU CLERGÉ

de grâce, et de tout le reste, en faisant croire à ses adhérents qu’ils sont meilleurs que les autres, et que Dieu les aime plus qu’il n’aime le reste du monde. Il remplit de ces idées la tête de Sally Martin, ce qui ne lui a point fait de bien du tout. Auparavant c’était une fille gentille, honnête et patiente ; et maintenant elle s’imagine qu’elle a une nouvelle lumière et une nouvelle sagesse. Je n’aime pas cela.

— Vous méconnaissez M. Tryan, ma chère madame Dempster ; j’aimerais que vous l’entendissiez prêcher.

— Quelle horreur ! Je me sauve. Adieu. »

Peu de jours après cette conversation, cependant, Jeanne alla chez Sally Martin vers environ trois heures de l’après-midi. Le pouding qu’on avait préparé pour elle et sa belle-mère lui parut si délicat, qu’elle pensa qu’un morceau ferait plaisir à la jeune poitrinaire ; avec sa vivacité ordinaire, elle s’était levée de table, avait mis son chapeau et était partie portant une assiette de pouding. Quand elle entra dans la maison de Sally, elle ne vit personne ; mais elle entendit sortir de la chambre où Sally était couchée une voix qu’elle n’avait jamais entendue auparavant. Elle devina aussitôt que c’était celle de M. Tryan. Son premier mouvement fut de poser son assiette et de s’en aller ; mais il se pouvait que Mme Martin ne fût pas à la maison, et il n’y aurait personne alors pour donner à Sally ce