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LA CONVERSION DE JEANNE

emphase ; le cœur de M. Tryan n’est à gagner par aucune femme ; il est tout dévoué à son œuvre, et je ne désirerais pas le voir uni à une jeune femme sans expérience, qui serait un empêchement pour lui plutôt qu’une aide.

— Il aurait besoin d’une femme, jeune ou vieille, dit Mme Linnet, pour lui faire mettre un gilet de flanelle et changer de souliers quand il rentre. Mon opinion est qu’il a pris ce rhume en gardant des chaussures mouillées ; et cette Mme Wagstaff est une pauvre tête d’oie, qui ne prend pas assez soin de lui.

— Ô ma mère, dit Rébecca, c’est une femme très pieuse ; je suis sûre qu’elle trouve que c’est un grand privilège d’avoir chez elle M. Tryan, et qu’elle fait de son mieux pour qu’il soit bien. Mais elle ne peut pas faire que ses chambres ne soient pas pauvrement meublées.

— Je n’ai rien à dire contre sa piété, ma chère ; mais je sais très bien que je n’aimerais point qu’elle préparât mes repas. Quand un homme rentre affamé et fatigué, ce n’est pas la piété qui le nourrira. J’ai fait visite un jour qu’elle servait le dîner de M. Tryan, et j’ai vu que les pommes de terre étaient aussi pleines d’eau que possible. Il est très bien de s’occuper des choses spirituelles : je n’ai rien à dire contre cela ; mais j’aime que mes pommes de terre soient mangeables. Je ne crois pas que personne doive mieux aller au ciel parce que son dîner est im-