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SCÈNES DE LA VIE DU CLERGÉ

beaucoup plus qu’il n’en faut à un homme seul. Ma façon de vivre est tout de mon choix, et je ne fais rien que ce que je me sens engagé à faire, tout à fait en dehors des considérations pécuniaires. Nous ne pouvons pas juger pour un autre, vous savez ; nous avons chacun nos faiblesses et nos tentations particulières. Je conviens qu’il serait bon pour un autre de se permettre plus de luxe, et je vous assure que je ne considère point comme une supériorité de ma part de m’en priver. Au contraire, si mon cœur était moins rebelle et moins sujet à la tentation, je n’aurais pas besoin de cette espèce de renoncement. Mais, ajouta-t-il, en tendant la main à M. Jérôme, je comprends votre bienveillance, et je vous en bénis. Si j’ai besoin d’un cheval, je vous demanderai le petit brun. »

M. Jérôme fut obligé de se contenter de cette promesse, et retourna tristement chez lui, se reprochant de n’avoir pas dit une chose qu’il avait l’intention de dire en partant de sa maison, et d’avoir entièrement oublié « les arguments » de M. Stickney.

M. Jérôme n’était pas le seul qui s’inquiétât sérieusement en voyant le ministre s’accabler de travail. Il y avait des tendres femmes dont l’anxiété à l’égard de l’état de son cœur commençait à se changer en tourment sur l’état de sa santé. Miss Élisa Pratt avait naguère passé bien des nuits d’insomnie à penser à la possibi-