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LA CONVERSION DE JEANNE

ment ; mais il nous est permis de la sacrifier pour une bonne cause. Il y a bien des devoirs, comme vous le savez, monsieur Jérôme, qui passent avant le soin de notre vie.

— Je ne puis discuter avec vous, monsieur Tryan ; mais voici ce que je voulais vous dire. Vous connaissez mon petit cheval brun ; je regarderais comme une bonté de votre part si vous vouliez le garder cet hiver et le monter. J’ai souvent pensé à le vendre, car Mme Jérôme ne l’aime pas ; et qu’ai-je besoin de deux chevaux ? Mais j’aime le petit, et je ne puis me décider à le vendre. Si vous vouliez seulement le monter pour moi, vous me rendriez service, je vous assure, monsieur Tryan.

— Je vous remercie, monsieur Jérôme. Je vous promets de vous le demander quand je sentirai que j’ai besoin d’une monture. Il n’est personne plus que vous à qui je voulusse avoir des obligations ; mais, pour le présent, je préfère n’avoir pas de cheval. Je le monterais, et le garder serait plutôt un embarras pour moi. »

M. Jérôme parut troublé et hésitant, comme s’il avait sur l’esprit une chose difficile à exprimer. Enfin, il dit : « Vous m’excuserez, monsieur Tryan, je ne voudrais pas prendre trop de liberté ; mais je sais qu’on demande beaucoup de vous comme ministre. Est-ce la dépense, monsieur Tryan ? Est-ce l’argent ?

— Non, mon cher monsieur. J’en possède