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SCÈNES DE LA VIE DU CLERGÉ

j’ai besoin d’un cheval, je loue celui de Radley, qui demeure assez près d’ici.

— Bien ; mais l’hiver approche ; vous aurez les pieds humides, et Pratt me dit que votre constitution est faible : ce qu’on voit sans être médecin. Et voici à quel point de vue j’envisage la chose, monsieur Tryan. Qui pourrait remplir votre place, si vous veniez à en être empêché ? Considérez de quelle valeur est votre vie. Vous avez commencé un grand travail à Milby, et vous le mèneriez à bien si vous aviez la santé. Plus vous prendrez soin de vous, plus longtemps vous vivrez, si Dieu le veut, pour faire du bien à vos semblables.

— Je crois, mon cher monsieur Jérôme, que dans tous les cas je n’aurai pas une longue vie ; et, si je prenais soin de moi sous prétexte de faire plus de bien, je pourrais très probablement mourir sans avoir rien fait du tout.

— Bien ! mais avoir un cheval ne vous empêcherait pas de travailler. Cela vous aiderait à faire davantage, quoique Pratt dise que ce qui vous fait le plus de mal, c’est d’être obligé de parler constamment. Voyons, n’est-ce pas vrai — je ne suis pas un savant, monsieur Tryan, et je ne veux rien vous dicter — mais n’est-ce pas vous tuer que d’en faire ainsi au delà de vos forces ? Nous ne devons pas perdre notre vie de cette façon.

— Non, nous ne devons pas la perdre légère-