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LA CONVERSION DE JEANNE

même si vivement intéressé en faveur des pauvres créatures pour lesquelles la vie était si misérable et chétive, que devait éprouver l’homme qui s’était engagé devant Dieu à être leur berger ?

« Ah ! murmurait-il, c’est un fardeau trop lourd pour sa conscience, le pauvre homme ! Il tient à devenir leur frère tout à fait ; il ne veut pas prêcher à ceux qui jeûnent, sans jeûner lui-même. Il est meilleur que nous, voilà ; — il est meilleur que nous. »

Ici M. Jérôme secoua la bride violemment, et leva les yeux au ciel, avec un air de courage moral, comme si M. Stickney était là et prêt à s’offenser de cette conclusion. Bientôt il arriva à la maison de Mme Wagstaff, où logeait M. Tryan. Il était souvent venu là auparavant, en sorte que le contraste de cette laide maison en briques et de son maigre morceau de gazon sur lequel, de tous côtés, avaient jour des fenêtres de chaumières, comparée avec sa jolie maison blanche, son verger, son jardin, sa prairie, n’était pas nouveau pour lui ; mais il le sentit avec une force nouvelle en ce jour, tout en attachant sa jument par la bride à la barrière de bois. Il frappa à la porte. M. Tryan était chez lui et fit prier M. Jérôme de monter à son cabinet de travail, le feu étant éteint au salon d’en bas.

À ce mot de cabinet de travail, peut-être votre imagination trop vive se figure une chambre commode, où l’air de confort emprunte quelque