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LA CONVERSION DE JEANNE

bonne heure obtenu la confiance d’un assistant au service séparatiste et d’être capable de « tourner le propriétaire de Salem autour de son pouce ». Comme beaucoup d’autres hommes, aussi, il avait une certaine bienveillance pour ceux qui l’avaient employé quand il faisait ses premiers pas dans la carrière ; et, de même que nous n’aimons pas à nous défaire d’un vieux thermomètre de notre chambre de travail, ou d’un mètre que nous avons toujours porté en poche depuis que nous avons commencé les affaires, de même M. Dempster n’aimait pas à ôter le nom de son vieux client de la case spéciale de son bureau. Notre vie habituelle est comme un mur contre lequel sont suspendus des tableaux : enlevez un des tableaux, il laissera vide une place vers laquelle vos yeux ne pourront jamais se tourner sans une sensation de malaise. Bien plus, la perte de quelque objet familier amène presque toujours comme un frisson de mauvais présage ; cela semble comme une première ombre du doigt de la Mort qui s’avance.

En raison de toutes ces causes combinées, M. Dempster ne pouvait jamais penser à son client sans une forte irritation, et la seule vue de M. Jérôme passant dans la rue lui était pénible.

Un jour que le vieux monsieur remontait la rue du Verger sur sa paisible jument, secouant la bride et lui chatouillant les flancs avec son