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SCÈNES DE LA VIE DU CLERGÉ

nos convenances : il est à croire qu’un boulanger latitudinaire dont le pain serait exempt d’alun obtiendrait forcément la pratique de tout puseyite bilieux ; qu’un Arménien qui aurait mal aux dents aimerait mieux un habile dentiste calviniste qu’un adversaire décidé des dogmes de l’Élection et du Rétablissement final, s’il devait lui briser la dent dans la mâchoire ; et qu’un Frère de Plymouth qui posséderait un magasin d’épiceries bien approvisionné se trouverait avoir occasionnellement le plaisir de fournir du sucre ou du vinaigre à des familles orthodoxes du voisinage qui se trouveraient à l’improviste « dépourvues » de ces objets indispensables. C’est ce pouvoir persuasif de ce qui nous est commode qui donnait au marchand drapier la certitude finale de n’avoir pas de martyre à redouter. Sa draperie était la meilleure de Milby ; l’habitude et le désir de se procurer et sans retard des articles satisfaisants triomphèrent du zèle antitryanite ; et le drapier put bientôt penser à ses prochains achats, sans être soutenu par la comparaison tirée de l’Ancien Testament.

D’un autre côté, M. Dempster avait perdu son meilleur client, M. Jérôme, et l’effet moral de cette perte lui était plus sensible que le déficit pécuniaire qu’elle représentait. Le procureur aimait l’argent, mais il aimait encore mieux le pouvoir. Il avait toujours été fier d’avoir de