Page:Eliot - La Conversion de Jeanne.djvu/128

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
124
SCÈNES DE LA VIE DU CLERGÉ

Cette satire, bien qu’elle fût le produit le plus affilé de l’esprit de Milby, ne vous frappe pas, je suppose, comme très acerbe. Mais la haine est comme le feu : elle rend mortels de légers frottements. Et les sarcasmes de M. Dempster ne se lisaient pas seulement sur les murailles : ils étaient reflétés par les regards moqueurs et répercutés par les méchantes plaisanteries de la foule. C’est à travers cette averse de quolibets et de calembours, avec accompagnement (ad libitum) de grognements, de huées, de sifflets et de hi-ha, mais heureusement sans aucun projectile plus meurtrier, que passa M. Tryan, pâle et grave, donnant le bras au vieux M. Landor, dont la marche était lente. De l’autre côté il avait M. Jérôme, qui cheminait encore avec fermeté, quoiqu’il eût les épaules légèrement voûtées.

M. Tryan paraissait calme ; mais il souffrait cruellement de ces accents de haine et de mépris. Quelle que fût sa persuasion de bien agir, elle était pour lui une arme insuffisante contre ces regards moqueurs et ces paroles virulentes ; sa conscience était en repos, mais sa vie était brisée.

Une dernière fois, notre ministre évangéliste dut repasser par cette rue du Verger, suivi par une réunion d’amis ; il y eut alors de nouveau une foule assemblée pour le voir entrer à l’église. Mais on n’entendait que des accents de