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LA CONVERSION DE JEANNE

et, comme de copieuses libations de gin ne facilitent pas la parole, mais la rendent plus difficile, il eut le temps de faire une réplique suffisamment acerbe.

« Pour vous dire la vérité, Budd, dit-il à mots entrecoupés, le bruit court par toute la ville que Déborah Traunter jure que vous, qui serez un des délégués, vous l’emmènerez avec vous, et l’on dit qu’il y aura une belle foule à votre porte le matin de votre départ, pour la voir à vos côtés. Connaissant votre tendresse pour cette personne du beau sexe, j’ai pensé que vous ne voudriez pas lui donner un démenti. J’ai un peu de répugnance à signer, en raison de cela ; car Prendergast pourrait bien ne pas favoriser la protestation, si Déborah va avec vous. »

M. Budd était un petit célibataire de quarante-cinq ans, dont la vie scandaleuse était pour ses voisins un sujet de plaisanterie après le dîner. Il n’avait point de caractère spécial, sauf qu’il était corroyeur et d’un tempérament colérique ; en sorte qu’on aurait pu s’étonner de ce qu’on l’avait choisi comme ancien, si je ne vous disais qu’il avait été récemment élu, grâce à l’active entremise de M. Dempster, qui avait résolu, en lui faisant conférer cette dignité, d’activer son zèle contre le projet du service du soir.

« Allons, allons, Pilgrim, dit M. Tomlinson, couvrant la retraite de M. Budd, vous aimez à