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SCÈNES DE LA VIE DU CLERGÉ

ment ambiguë, en disant que son maître « avait été au soleil ». Dans de telles circonstances, c’était un plaisir pour lui que d’entrer au bar du « Lion-Rouge », où, comme tous les samedis soirs, il était sûr de trouver Dempster, et d’apprendre les dernières nouvelles au sujet de la protestation contre les services du soir. « Avez-vous déjà fait signer Ben Landor ? » continua-t-il en prenant deux chaises, une pour lui, l’autre pour sa jambe droite.

« Non, dit M. Budd, le diacre, en secouant la tête ; Ben Landor sait rester neutre en toute affaire ; il ne veut pas se mettre en opposition avec son père. Le vieux Landor est tout à fait tryanite. Mais nous n’avons pas encore votre nom, Pilgrim ?

— Chut, chut, Budd, dit M. Dempster d’un air satirique ; vous ne vous attendez pas à ce que Pilgrim signe ? Il a à soigner le foie d’une douzaine de tryanites. Il n’y a rien de comparable au jargon méthodiste pour produire une abondance de bile.

— Je pensais que, Pratt s’étant déclaré tryanite, nous étions sûrs d’avoir Pilgrim dans notre parti. »

M. Pilgrim n’était pas homme à rester tranquillement sous le coup d’un sarcasme, la nature l’ayant doué d’une très belle dose d’esprit pour sa défense personnelle. Dans ses moments de sobriété il avait quelque difficulté à s’énoncer,