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— Je ne suis pas plus disposé à plaisanter que si j’assistais à mes propres funérailles, dit Hans. Mais je ne suis pas sûr que vous sachiez quelles sont mes notions sur ce sujet.

— Peut-être ; mais laissez-moi vous dire, une fois pour toutes, qu’en ce qui regarde madame Grandcourt, je n’ai jamais eu et n’aurai jamais envers elle la position d’un amant. Si vous avez sérieusement interprété ainsi ce que vous avez observé, vous vous êtes totalement trompé.

— Me serais-je trompé aussi dans une autre interprétation ? fit Hans.

— Laquelle ?

— Que vous n’avez pas le désir de prendre la position d’amant vis-a-vis d’une autre personne qui n’est ni femme ni veuve ?

— Je ne vous comprends pas, Meyrick. Il est fâcheux que nos désirs mutuels se contrarient ; mais je compte que vous me direz si vous avez un motif fondé pour supposer que vous réussirez.

— Voilà une question qui me semble superflue de votre part.

— Pourquoi superflue ?

— Parce que vous savez pertinemment le contraire… et que… probablement… vous avez eu la meilleure preuve pour vous en convaincre.

— Je serai avec vous plus franc que vous ne l’êtes avec moi, s’écria Deronda, mécontent de cette démonstration de colère de Hans, et cependant chagriné pour lui. Je n’ai jamais eu la plus petite preuve que je pourrais réussir. En réalité, j’ai fort peu d’espoir.

Hans se retourna brusquement vers son ami, mais aussitôt il se remit à sa peinture.

— Et, dans notre situation présente, continua Daniel, froissé à l’idée que Hans le soupçonnait d’un manque de