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La mère se tut et se leva pour cacher la rougeur qui envahit ses joues. Gwendolen la suivait des yeux avec cette divination que lui avait donnée l’expérience ; elle se repentit de sa brusquerie et s’écria :

— Maman, venez vous asseoir plus près de moi, et surtout ne soyez pas malheureuse !

Madame Davilow obéit ; elle se mordait les lèvres pour tâcher d’arrêter les larmes qui lui brûlaient les yeux. Gwendolen se pencha sur elle et lui dit d’un ton caressant :

— Je veux être bien sage ;… je le veux résolument… et bonne… oh oui !.. bonne pour vous, chère, douce, adorable maman. Vous ne me reconnaîtrez pas. Seulement, il ne faut pas pleurer.

La résolution prise par Gwendolen était de demander à Deronda si elle devait accepter de l’argent provenant de l’héritage de son mari ; si elle pouvait consentir à recevoir de quoi subvenir aux besoins de sa mère. La pauvre créature se croyait assez forte pour faire tout ce qui contribuerait à la relever dans l’esprit de Deronda.

Sir Hugo l’invita chaleureusement, ainsi que madame Davilow, à venir se fixer momentanément chez lui, à Park-Lane, et à faire de sa maison sa demeure, aussi longtemps que son deuil et d’autres circonstances nécessiteraient leur présence dans la métropole. — Londres, disait-il, était précisément la ville où l’on pouvait le mieux vivre retirée, et il lui proposa, en outre, de faire enlever lui-même de la maison de Grosvenor-Square tous les articles appartenant à Gwendolen. — Aucune proposition ne pouvait lui être plus agréable que de rester quelque temps à Park-Lane. Il lui serait facile d’y avoir une entrevue avec Daniel dès qu’elle saurait comment lui faire parvenir une lettre pour le prier de venir la voir. Pendant le voyage de Gênes à Londres, sir Hugo sachant qu’elle connaissait la