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LVIII


Quand Derooda eut présenté sa lettre à la Banque de la Schusterstrasse, à Mayence, et demandé Joseph Kalonymos, on l’introduisit dans un salon où, devant une table et arrangeant des lettres, était assis l’homme à barbe blanche qu’il avait vu dans la synagogue de Francfort. Il portait le même chapeau de feutre, les mêmes vêtements, et, à côté de lui, on voyait un portemanteau tout bouclé, sur lequel étaient jetés une couverture et un manteau. À l’entrée de Deronda, il se leva, mais ne bougea pas de sa place et ne lui tendit pas la main. Fixant sur lui ses petits yeux clairs et pénétrants, qui reluisaient comme des escarboucles sur sa figure parcheminée, il dit en allemand :

— Bon ! c’est vous maintenant qui venez me chercher, jeune homme ?

— Oui, je vous cherche pour vous témoigner ma reconnaissance, comme à l’ami de mon grand-père, répondit Deronda ; mais je suis obligé, je le crains, de vous causer de l’ennui.

Kalonymos ôta son chapeau et découvrit sa tête couverte d’épais cheveux blancs, en disant avec cordialité :