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il supposer que son cœur lui serait plus favorable à l’avenir ? Ces pensées, qu’il voulait bannir, résonnaient en lui, et il ne pouvait s’empêcher d’y revenir sans cesse. Il marchait avec agitation dans le petit bois, furieux contre lui-même de ne pas être assez fort pour se dominer, et il se disait : « Elle ne m’aimera jamais !… et ce n’est pas la question… Je ne pourrais jamais l’approcher en amoureux dans sa condition actuelle. Je ne suis d’aucune conséquence, et il est probable que je n’en acquerrai guère plus avant d’avoir des cheveux gris. Qu’importe ! elle ne m’accepterait à aucune condition, et je ne voudrais pas lui demander d’être à moi. C’est une folie que d’y penser ! Je n’ai rien à y gagner, absolument rien : alors pourquoi ne pas regarder la situation en face et se conduire comme il convient, au lieu de laisser supposer à mon père que c’est un sujet dont il ne peut me parler, lorsque je pourrais lui être utile ? »

À cette dernière pensée, Rex se dirigea vers la maison d’un pas assuré, et, par la porte ouverte du cabinet de son père, il le vit qui emballait ses effets dans une caisse de voyage.

— Puis-je vous être de quelque utilité, monsieur ? demanda-t-il bravement, quand son père le regarda.

— Oui, mon garçon, quand je serai parti, tu liras mes lettres et tu y répondras, si cela est nécessaire. Tu m’écriras tout. Dymock administrera très bien la paroisse, et tu demeureras avec ta mère jusqu’à ce que je revienne.

— Je présume que vous ne serez pas très longtemps absent, monsieur. Peut-être ramènerez-vous ma cousine. Il s’efforça de parler de Gwendolen pour la première fois et le recteur l’écouta avec satisfaction.

— Cela dépend, répondit M. Gascoigne. Peut-être sa mère restera-t-elle avec elle, et, en ce cas, je pourrai revenir plus lot. Ce télégramme nous laisse dans une