Page:Eliot - Daniel Deronda vol 2&3.djvu/286

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


LV


Dans la soirée, elle le fit appeler. C’était à peu près l’instant où, la veille, on l’avait rapportée à demi morte, et, comme le soir approchait, on avait tiré les rideaux et ouvert les fenêtres. Assise dans sa chaise longue, la joue appuyée sur sa main, elle regardait fixement la mer ; elle paraissait moins abattue que le matin ; mais son expression était si profondément mélancolique, qu’en s’approchant Deronda fut un peu inquiet. Elle oublia de lui tendre la main, et s’écria :

— Qu’il y a longtemps ! — Puis : — Voulez-vous bien vous asseoir encore un peu auprès de moi ?

Il fit comme elle le désirait et attendit qu’elle recommençât à parler. Quand elle le regarda, son visage portait cette expression indéfinissable, impliquant un désir de faire une question qui coûte à formuler. Afin de la rendre moins timide, il détourna les yeux et l’entendit lui dire d’un ton de supplication :

— Vous ne direz pas qu’un autre doit le savoir ?

— Assurément non ! répondit-il. Aucune offense ne