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ses yeux rencontrèrent ceux de Deronda, qui avait pu s’approcher, et, instantanément, comme si elle s’était attendue à le voir, elle essaya de lui tendre les bras et dit d’une voix éteinte :

— C’en est fait !… C’en est fait… il est mort !

— Chut ! chut ! fit Deronda avec autorité, calmez-vous.

Puis, s’adressant aux hommes qui la portaient, il leur dit :

— Je suis un ami de cette dame. Transportez-la aussi vite que possible à l’Italia ; je me charge du reste.

Il resta sur la plage pour recueillir le plus d’informations qu’il put, et apprit de l’un des pêcheurs que le mari de cette dame était noyé, qu’il n’y avait pas eu possibilité de retrouver son corps et que le bateau flottait à la dérive. Son camarade et lui avaient entendu un cri ; ils avaient vu la dame s’élancer dans l’eau après son mari, et heureusement ils étaient arrivés à temps pour la sauver.

Ces renseignements pris, Deronda retourna en toute hâte à l’hôtel pour se convaincre que l’on avait été chercher un médecin et que l’on avait donné à la malade tous les soins que nécessitait son état. Rassuré sur ce point, il envoya un télégramme à sir Hugo pour lui faire part de l’événement et le prier de venir à Gênes incontinent ; il en expédia un aussi à M. Gascoigne pour qu’il prévînt madame Davilow. Certaines paroles de Gwendolen dans ses moments de confession exaltée lui étaient revenues en mémoire comme une inspiration, elle lui avait parlé de la présence de sa mère comme du secours le plus efficace qu’elle pourrait recevoir en cas de besoin.