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L


Dans les lettres que Deronda reçut le lendemain matin, s’en trouvait une de quatre grandes pages, écrite par Hans Meyrick, et dont voici quelques extraits :

« … En attendant, je me console de votre absence en allant voir, à mon grand avantage, notre prophète hébreu dont j’étudie la tête aux heures habituelles qu’il passait avec vous. Il dit que je suis un jeune gentil instruit, qui aurait été juif s’il avait pu, et je suis d’accord avec lui que ce qu’il y a de meilleur doit, par cette raison, être juif. Cependant, notre prophète est un solitaire extrêmement intéressant, un meilleur modèle que celui qu’eut Rembrandt pour peindre son Rabbi, et je ne le quitte jamais sans avoir fait une nouvelle découverte. Une chose m’étonne constamment : c’est qu’avec son sentiment enflammé pour sa race et ses traditions, ce n’est pas un juif intolérant, rigide, crachant après avoir prononcé le mot de chrétien. J’avoue que j’ai toujours pensé assez légèrement de Mordecai après ce que vous me racontiez de lui ; mais maintenant que je le vois de près, je reconnais que c’est un