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en explorant ces colonnes stupides ! Le reste de la société allait bientôt venir et l’occasion d’effacer son verbiage de la soirée précédente serait passée. L’irritation desséchait sa gorge, et son visage dénotait une mortification pour laquelle les larmes sont défendues.

Enfin, il jeta son journal et se retourna :

— Oh ! vous étiez là, dit-il en s’avançant ; permettez que j’aille passer mon paletot ; et il sortit.

C’était mal se conduire ; la politesse voulait qu’il échangeât quelques mots avec elle avant de la laisser seule. Il est vrai que Grandcourt entra immédiatement après avec sir Hugo, en sorte que les paroles échangées auraient été bien peu de chose. Toujours est-il qu’ils le virent sortir de la bibliothèque.

— Vous paraissez souffrante, dit Grandcourt en venant se placer devant elle et en la regardant fixement. Pensez-vous être assez forte pour faire cette promenade ?

— Oui, elle me fera du bien, répondit Gwendolen du bout des lèvres.

— Nous pourrions renoncer à visiter la maison, et nous borner à un petit tour au dehors, dit avec douceur le baronnet.

— Non, non ! s’écria Gwendolen avec décision, ne renonçons à rien. J’ai besoin d’une longue promenade.

Le reste de la société, — deux dames et deux messieurs, sans compter Deronda, — était maintenant réuni, et Gwendolen, remise de son émotion, marcha avec sa grâce habituelle à côté de sir Hugo, accordant une attention apparente aux commentaires que faisait Deronda sur les différents fragments architecturaux, et aux raisons données par sir Hugo pour s’excuser de n’avoir pas essayé de remédier au mélange non déguisé du style moderne avec le style antique, ce qui, selon lui, rendait la place plus véritablement historique. Dans leur trajet de la laiterie aux cuisines,