Page:Eliot - Daniel Deronda vol 2&3.djvu/206

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


XLVII


Deronda, en quittant Gwendolen, s’était abstenu de lui dire : « Je ne vous reverrai de longtemps, car je vais partir », dans la crainte que Grandcourt ne pût supposer qu’il s’imaginait que ce fait avait de l’importance pour elle. Il partait sous le coup de circonstances si intéressantes pour lui, que quand il sortit pour tenir la promesse qu’il lui avait faite d’aller la voir, il était déjà dominé par une émotion solennelle.

Sir Hugo lui avait envoyé, par un domestique, ce billet :

« Viens tout de suite. Il est arrivé quelque chose », et il n’avait été tranquillisé que quand, en entrant dans le cabinet du baronnet, il se vit reçu avec une affectueuse gravité, au lieu du chagrin qu’il appréhendait.

— Ce n’est rien qui vous peine, monsieur ? demanda-t-il en prenant la main qui se tendait vers lui.

Le regard de sir Hugo se portait sur lui avec une signification étrange, et sa voix décela une émotion contenue quand il dit :

— Non, Dan, non. Assieds-toi. J’ai quelque chose à te dire.