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en se prenant les genoux. Est-ce le prince Camaralzaman qui l’a retrouvé ?

La petite mère leur fit alors le récit de ce qui était arrivé et ne fut interrompue par personne.

M. Deronda, dit-elle en finissant, a pour lui une admiration sans bornes, et il affirme que Mirah est la digne sœur de ce frère,

— Deronda est parfaitement absurde avec ses juifs, dit Hans en se levant et en lançant sa chaise loin de lui d’un coup de pied. Il fait tout ce qu’il peut pour encourager Mirah dans ses préjugés.

— Oh, Hans ! s’écria Mab, tu devrais avoir honte de parler ainsi de M. Deronda ! Et la figure de madame Meyrick laissa voir comme une expression de mécontentement qu’elle ne manifesta pas.

— Maintenant nous ne serons plus jamais ensemble, continua Hans en se promenant dans la chambre, les mains enfoncées dans les poches de sa jaquette ; ce prophète Élie viendra prendre le thé avec nous, et Mirah ne pensera plus qu’à aller s’asseoir sur les ruines de Jérusalem. Elle sera perdue comme artiste, comptez là-dessus ; elle deviendra aussi étriquée qu’une religieuse. Tout sera gâté, notre maison comme le reste. Ma seule ressource sera de boire !

— En vérité, Hans, s’écria Kate impatientée, je crois que les hommes sont les animaux les plus méprisables de la création. Chacun d’eux veut que l’on fasse selon sa fantaisie ; sans cela ils sont insupportables.

— Oh, oh, oh ! c’est vraiment terrifiant, s’écria Mab. Je suis comme si l’ancienne Ninive allait revenir !

— Je voudrais savoir quel bien tu as retiré de ton séjour à l’université et d’avoir tout appris, si tu es si enfant, Hans, dit Amy. Tu devrais savoir tout supporter de la part d’un homme que la Providence a conduit vers toi. Nous supporterions tout de lui !