Page:Eliot - Daniel Deronda vol 1&2.pdf/43

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Mais Anna dut interrompre sa description, car on vint annoncer que le dîner était servi, et Gwendolen reçut indirectement la réponse à sa question par son oncle, qui fit valoir les avantages d’Offendene, dont l’entretien ne reviendrait pas plus cher que celui d’une maison très ordinaire à Wancester.

— Il est toujours bon de faire un petit sacrifice pour avoir une habitation convenable, dit M. Gascoigne de son ton de bonhomie habituelle. Les meilleures familles du pays viendront vous voir, et vous n’aurez pas besoin de donner des dîners bien coûteux. Moi, c’est différent, je dépense beaucoup en dîners. Il est vrai que ma maison ne me coûte rien ; mais s’il me fallait payer trois cents livres de location tous les ans, je ne pourrais pas tenir table ouverte. Mes garçons aussi m’occasionnent de fortes saignées. À proportion, vous êtes plus heureuses que moi ; après votre maison et votre voiture, je ne vois pas d’autre dépense importante pour vous.

— Je t’assure, Fanny, dit madame Gascoigne, maintenant que les enfants deviennent grands, je suis obligée de calculer et d’économiser. Je n’étais pas bonne ménagère de nature ; Henri m’a appris à l’être. C’est étonnant comme il sait tirer parti de tout ; il ne se donne aucun extra et ses curés ne lui coûtent rien. Quel dommage qu’on n’ait pas fait de lui un prébendaire ou quelque chose du même genre ! J’en suis étonnée quand je pense aux amis qu’il s’est acquis et au besoin que l’on a d’hommes modérés à tous égards.

— Ma chère Nancy, tu t’oublies ; grâce au ciel, il y en a beaucoup de meilleurs que moi. À tout prendre, nous n’avons pas à nous plaindre. Il est impossible d’avoir d’ami plus parfait que lord Brackenshaw, votre propriétaire, Fanny. Il viendra vous faire une visite. Je l’ai prié d’admettre Gwendolen dans notre Archery Club ou société de