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— Et me donnerez-vous un baiser ce soir ? ajouta Deronda, qui avait posé ses mains sur ses petites épaules brunes.

Adélaïde-Rebecca, dont la crinoline en miniature et les traits monumentaux correspondaient parfaitement à la combinaison de ces deux noms, avança aussitôt ses lèvres pour payer d’avance le baiser ; sur quoi, le père s’écria cordialement :

— Vous voyez, monsieur, qu’il y aurait quelqu’un de désappointé si vous ne veniez pas ce soir. Vous ne refuserez pas d’entrer vous asseoir dans notre chambre de famille et de m’attendre un moment si je ne suis pas encore là quand vous viendrez ? Je m’attarderai le moins possible pour satisfaire un gentleman de votre sorte. Apportez le diamant et je verrai ce que je puis faire pour vous.

Deronda partit en laissant derrière lui l’impression la plus favorable, comme préparation à des rapports plus intimes. Ces aménités lui avaient coûté des efforts. Si c’étaient réellement les parents de Mirah, il ne pouvait croire que même son ardente piété filiale pût donner à sa réunion avec eux plus de douceur que celle que l’on trouve dans le strict accomplissement d’un devoir pénible.