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XXXIII


En attendant, Deronda se livra à un exercice moins agréable que celui de monter à cheval dans Rotten-Row. Il alla souvent rôder dans les quartiers de Londres habités principalement par les juifs de la basse classe : il entra dans les synagogues pendant les offices ; il regarda les boutiques ; il observa les visages : tous procédés qui ne lui promettaient guère de découverte particulière. Pourquoi ne s’adressa-t-il pas à un rabbin ou à tout autre membre influent de la communauté pour le consulter sur les chances de retrouver une mère nommée Cohen, avec un fils appelé Ezra, ayant perdu une fille du nom de Mirah ? Il pensa agir ainsi… après Noël.

En réalité, il ne brûlait pas du désir de les trouver, et, lorsque, selon son habitude, il regardait l’enseigne d’une boutique, il était content que ce nom ne fût pas celui d’Ezra Cohen. Il désirait tout particulièrement qu’Ezra Cohen ne fût pas un boutiquier ; mais, un matin qu’il était entré dans une petite rue, en sortant du brouhaha et des encombrements d’Holborn, il sentit le plateau de la balance pencher du côté de la déception.