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Celle-ci, se retournant presque furieuse :

— Comment as-tu osé ouvrir ce que l’on avait caché, petite créature perverse ? s’écria-t-elle en terrifiant la coupable du regard. Il y a une serrure. — Où est la clef ? — Qu’on la cherche, et, si on ne la trouve pas, qu’on en fasse faire une ! — Que personne n’ouvre plus ce panneau et qu’on m’apporte cette clef !

Après avoir donné cet ordre collectif, Gwendolen, surexcitée, emmena sa mère en lui disant :

— Venez, maman, montons dans notre chambre.

La cuisinière, ayant cherché la clef, la trouva dans le tiroir d’un petit secrétaire, et, la tendant à Bugle, la femme de chambre de madame, lui dit de la remettre à Son Altesse royale.

— J’ignore de qui vous voulez parler, madame Startin, répondit Bugle, qui, occupée dans les appartements supérieurs, ne savait rien de la scène du salon et paraissait presque offensée du ton d’ironie de la nouvelle domestique.

— Je parle de la jeune lady qui va nous faire marcher toutes, répliqua madame Startin. Mais, voyant l’air vexé de Bugle, elle ajouta pour l’apaiser : — Du reste, elle est assez belle pour cela. Donnez-lui cette clef, elle saura ce que c’est.

— Si vous avez préparé tout ce qu’il nous faut, Bugle, allez voir après les autres, avait dit Gwendolen, quand, suivie de madame Davilow, elle était entrée dans la chambre à coucher, où l’on avait dressé un lit à côté du catafalque noir et jaune que l’on appelait le meilleur lit. J’aiderai maman.

Mais d’abord elle se dirigea vers un grand miroir placé entre les fenêtres, tandis que sa mère s’asseyait et la contemplait. — Ce miroir est excellent, Gwendolen ; ou bien est-ce le noir et le jaune qui font valoir ta beauté ? dit madame Davilow regardant sa fille, dont le bras gauche