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— Ceci est une véritable difficulté, repartit Deronda en souriant ; j’aurais dû dire que chacun de nous pense qu’il serait meilleur pour l’autre d’être bon.

— Vous voyez bien, j’avais besoin que vous fussiez meilleur que je ne l’étais, et vous pensiez ainsi, dit-elle en riant.

Elle fit prendre le trot à son cheval et rejoignit Grandcourt, qui ne lui adressa aucune observation.

— Ne désirez-vous pas savoir ce que j’avais à dire à M. Deronda ? lui demanda Gwendolen dont l’orgueil exigeait qu’elle expliquât sa conduite.

— Non, répondit froidement Grandcourt.

— Voilà le premier mot impoli que vous ayez dit. Comment ! vous ne désirez pas entendre ce que j’avais à dire ?

— Je désire entendre ce que vous me dites, et non ce que vous dites aux autres.

— Alors vous allez entendre ceci. Je voulais lui faire dire pourquoi il s’était opposé à mon jeu, et il m’a tenu un petit sermon.

— Oh ! épargnez-moi le sermon !

Si Gwendolen s’imaginait que Grandcourt se souciait de ce qu’elle avait dit à Deronda, il voulait lui faire comprendre qu’elle se trompait. Ce qu’il n’aimait pas, c’était qu’on lui dise de continuer son chemin. Elle vit qu’il était piqué, mais elle n’y prit pas garde. Son envie de parler à Deronda avant qu’il retournât à Diplow avec les autres était satisfaite. Grandcourt l’accompagna jusqu’à Offendene, où il prit congé d’elle pour l’absence d’un jour qu’il s’était abstenu de spécifier ; toutefois, il avait dit vrai en qualifiant ce voyage d’ennui : il allait à Gadsmere.