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qu’elle jetait sur Gwendolen passant rapidement l’examen de la maison et du paysage. Imaginez un jeune cheval de race arrivant au pâturage au milieu de poneys au poil rude et de patients chevaux de fiacre.

— Eh bien, ma chérie, que penses-tu de cette résidence ? demanda madame Davilow d’un ton presque suppliant.

— Je la trouve charmante, répondit vivement Gwendolen. Le site est romantique ; il ne peut rien y arriver que de délicieux. Le terrain me semble bon pour tout. Personne n’aura honte de demeurer ici.

— Assurément, rien n’y a l’air commun.

— Une royauté tombée ou une grande infortune s’y trouverait très bien. Nous pourrions avoir vécu dans la splendeur et être venues nous réfugier ici. Mais, ajouta-t-elle d’un ton plus tranchant, je croyais que mon oncle et ma tante Gascoigne, ainsi qu’Anna, seraient venus nous recevoir !

— Nous sommes arrivés de bonne heure, observa madame Davilow, qui, s’adressant ensuite à la femme de charge lui demanda : « Attendez-vous monsieur et madame Gascoigne ?

— Oui, madame ; ils étaient ici hier pour me recommander de faire du feu et de préparer le dîner. J’ai allumé du feu la semaine dernière dans toutes les chambres qui avaient été d’abord bien aérées. J’aurais voulu que le mobilier eût un meilleur aspect après avoir été si bien nettoyé ; mais j’espère que vous rendrez justice aux cuivres. Quand monsieur et madame Gascoigne viendront, ils vous diront que rien n’a été négligé. Ils seront ici à cinq heures, pour sûr.

Cette explication satisfit Gwendolen, qui n’entendait pas que son arrivée fût accueillie avec indifférence ; puis, suivie de ses sœurs, elle alla examiner les chambres, la salle à manger en vieux chêne, la bibliothèque et, enfin, le salon, dans lequel on entrait par une petite antichambre.