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lui écrivit donc la lettre suivante, qu’il adressa à Park-Lane où il savait que s’était installée la famille à son retour de Leubronn :

« Mon cher sir Hugo,

» Depuis que nous sommes revenus ici, le mariage a été absolument décidé et doit avoir lieu dans trois semaines. Il est d’autant moins avantageux pour lui, que la mère de la jeune personne a perdu toute sa fortune et qu’il va être obligé de subvenir à son entretien. Grandcourt, je le sais, sent qu’il a besoin d’argent, et, à moins qu’il ne recoure à votre plan, il réalisera des fonds de la façon la plus sotte du monde. Je vais quitter Diplow et ne pourrai soulever cette question ; mais voici ce que je vous conseille : M. Deronda, qui a toute votre confiance, pourrait venir ici faire une courte visite, puisqu’il y a été invité, et vous lui ferez connaître jusqu’où peut aller votre offre. Il aborderait alors le sujet avec Grandcourt, de façon qu’il ne pût supposer que vous le savez à court d’argent, mais que c’est seulement un vif désir de votre part. Je lui ai déjà fait entendre que je vous soupçonnais prêt à donner une somme importante pour sa renonciation à ses droits sur Diplow ; si M. Deronda arrivait nanti d’une offre définie, la chose pourrait bien prendre une favorable tournure. Il y dix à parier contre un qu’il ne se décidera pas tout de suite ; mais la proposition se gravera dans son esprit, et quoique, pour l’instant, il tienne fort à chasser ici, tout me porte à croire qu’il s’en lassera bientôt, et alors la question d’argent se posera d’elle-même. Je parierais bien que vous réussirez. Comme je ne suis pas exilé en Sibérie, et que je me tiens, au contraire, à portée de la voix, il est possible qu’à l’occasion je sois à même de vous rendre d’autres services ; pour le moment, je ne vois pas de meilleur intermédiaire que M. Deronda. Rien