Page:Eliot - Daniel Deronda vol 1&2.pdf/305

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de toute beauté. La maison a été construite par Inigo Jones, et les plafonds sont peints dans le style italien. On dit que le domaine rapporte douze mille livres par an ; il y a deux bénéfices et un presbytère qui est un don et une fondation des Grandcourt. Peut-être la terre est elle grevée de quelques dettes, mais M. Grandcourt est enfant unique.

— Ce serait particulier, dit madame Gascoigne, s’il allait devenir un jour lord Staunery, avec tout ce qui dépend du titre. Pensez donc ! il y a l’héritage Grandcourt, l’héritage Mallinger, la baronnie, la pairie. — Elle marquait les item avec ses doigts et s’arrêta au quatrième, en disant : — Mais il paraît qu’aucune terre n’est attachée à la pairie. Quel dommage qu’il n’y ait rien pour le cinquième doigt !

— Il ne faut regarder la pairie que comme une chance lointaine, fit judicieusement observer le recteur. Deux cousins se trouvent entre le pair actuel et M. Grandcourt. Il est vrai que les bizarreries du sort concentrent quelquefois plusieurs héritages sur une seule tête ; mais être sir Mallinger Grandcourt Mallinger, — car je suppose qu’il prendra ce titre et ce nom, — et posséder les biens qui s’y rattachent, cela peut suffire à l’ambition d’un homme. Espérons qu’il en fera bon usage.

— Et quelle position pour une femme, Gwendolen ! s’écria madame Gascoigne. C’est une grande responsabilité ! Mais il ne faut pas perdre un moment pour écrire à madame Mompert, Henry. Il est heureux que tu aies un engagement matrimonial à lui donner pour excuse : sans cela, elle pourrait être formalisée. C’est une dame un peu hautaine.

— Grâce à Dieu, je suis délivrée de cette horreur ! pensa Gwendolen, pour qui le nom de Mompert était devenu une sorte de Croquemitaine. Elle parla peu de la soirée et ne