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l’aurais désirée pour Anna, si elle avait pu répondre aux vues de madame Mompert.

— N’avez-vous pas parlé à maman d’une autre place ? dit Gwendolen qui était parvenue à se dominer totalement.

— Oui, répondit le recteur d’un ton légèrement dédaigneux, mais c’est dans un pensionnat. C’est une occupation que je ne vous verrais pas accepter avec autant de plaisir, car elle est plus dure et moins avantageuse à tous égards ; et puis vous avez moins de chances pour l’obtenir.

— Oh ! ma chère, dit en appuyant madame Gascoigne, ce serait bien moins convenable. Vous n’auriez point de chambre à coucher particulière.

— Quand pensez-vous que madame Mompert me fasse demander ? dit Gwendolen en se tournant vers son oncle comme si elle abondait dans ses idées.

— C’est encore incertain ; elle a promis de ne prêter l’oreille à aucune proposition avant de vous avoir vue. Elle s’intéresse beaucoup à votre sort. Ce sera probablement dans une quinzaine de jours. Mais, pardon, il faut que je vous quitte.

Le recteur mit ainsi fin à l’entretien et sortit convaincu et satisfait que Gwendolen se prêtât aux circonstances comme une fille de bon sens.

— Quel soutien Henry est pour nous ! dit madame Gascoigne quand son mari se fut éloigné.

— Il l’est en effet, dit madame Davilow. La gaieté est vraiment une fortune. Je voudrais bien la posséder.

— Rex est absolument comme lui, reprit madame Gascoigne. Sa dernière lettre a été une bien grande consolation pour nous. Il faut que je t’en lise un passage. Elle chercha la lettre dans sa poche, à la grande angoisse d’Anna, qui s’était promis de ne jamais prononcer le nom de Rex devant sa cousine.

L’orgueilleuse mère chercha les passages à lire ; mais