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triste des pertes éprouvées par la famille, était le changement de situation de madame Davilow et de ses enfants.

Aucune raison donc n’aurait justifié Gwendolen d’étendre le mécontentement que lui causaient les événements jusqu’aux personnes de sa famille, et son attention devint plus vive lorsqu’elle entendit son oncle lui faire part des efforts qu’il avait tentés pour lui trouver un emploi aussi avantageux que possible.

— J’ai pensé, lui dit-il, que je ne devais pas perdre de temps, car on ne trouve pas toujours, au moment voulu, une position dans une bonne famille où vous serez considérée, et quand nous attendrions encore davantage, nous n’en découvririons pas où vous serez mieux que chez l’évêque Mompert. Sa femme et lui me connaissent bien, et c’est, sans contredit, un avantage pour vous. Je ne suis pas surpris que madame Mompert désire vous voir avant de vous engager définitivement. Elle s’arrangera de façon à vous rencontrer à Wancester quand elle y passera pour aller à Londres. Peut-être cette entrevue sera-t-elle un peu pénible, ma chère, mais vous avez le temps de vous y préparer.

— Savez-vous pourquoi elle veut me voir, mon oncle ?

— N’en soyez pas alarmée, ma chère. Elle veut avoir de vous une idée plus précise que n’a pu lui en donner mon rapport, et une mère éprouve naturellement des scrupules, lorsqu’il s’agit pour elle de choisir une compagne pour ses filles. Je lui ai dit que vous étiez très jeune ; mais comme elle dirige l’éducation de ses filles, elle ne s’inquiète pas de l’âge. C’est une femme de goûts et de principes rigides, qui ne veut pas de Française dans sa maison. Elle trouvera, j’en suis sûre, vos manières et vos talents tels qu’elle les souhaite ; quant à l’éducation religieuse et morale, c’est elle ainsi que l’évêque qui s’en chargent. Je considère cette position comme si avantageuse, que je