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XV


Nous avons vu Gwendolen à l’étranger passer son temps au jeu, se croire la reine de la chance, et s’imaginer qu’en ce monde l’important était de s’amuser, sans s’inquiéter du moyen dont on se servait. Nous avons vu aussi que des personnes, mystérieusement symbolisées sous le nom de Grapnell et Cie, avaient, de leur côté, voulu s’amuser n’importe à quel prix et occasionné dans sa propre famille des changements pénibles qui l’obligèrent à rentrer et de rapporter, malgré elle, un collier qu’elle avait mis en gage et qu’un autre avait retiré.

Tandis qu’elle retournait en Angleterre, Grandcourt courait après elle ; mais à sa manière, c’est-à-dire, sans se hâter, sans prendre l’express de Diplow à Leubronn, où il savait qu’elle était ; s’arrêtant, au contraire, à Baden-Baden où il fit quelques parties avec des Russes de sa connaissance, et qu’il quitta enfin pour obéir a son désir d’arriver à Leubronn. Il n’avait pas été fâché de voir Gwendolen reculer devant le sort brillant qu’il lui offrait ; cette action avait du piquant pour lui. Il se flattait qu’elle avait été