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venait annoncer que la voiture était prête, la société reparut, y compris M. Grandcourt.

— Ah ! vous voilà ! dit lord Brackenshaw en s’approchant de Gwendolen, qui arrangeait le châle de sa mère avant de l’aider à monter en voiture. Nous avons cru d’abord que vous aviez trouvé Grandcourt et qu’il vous avait reconduite ici. C’est ce que disait Lush. Mais nous l’avons rencontré plus loin. Cependant, nous n’avons pas supposé que vous ayez couru quelque danger ; le garde nous ayant dit qu’il vous avait indiqué un chemin plus court pour revenir.

— Vous partez donc ? lui demanda Grandcourt de son air habituel.

— Oui, répondit Gwendolen sans le regarder et en s’obstinant à arranger son écharpe à la manière écossaise.

— Puis-je me présenter demain à Offendene ?

— Si vous voulez, répondit Gwendolen d’un ton glacial.

Madame Davilow accepta le bras de Grandcourt pour aller jusqu’à sa voiture, tandis que Gwendolen, les devançant, s’y installa avec précipitation.

— Je suis montée avant vous, maman, dit-elle pour s’excuser, parce que je tenais à m’asseoir de ce côté.

Elle avait tout bonnement voulu éviter le contact de Grancourt ; il se contenta de la saluer et se retira, presque satisfait qu’elle eût paru offensée de sa conduite pendant cette journée.

Le silence régna pendant quelque temps entre la mère et la fille. Tout à coup Gwendolen dit :

— Maman, j’irai rejoindre les Langen à Douvres. Aussitôt que nous serons arrivées à la maison, je ferai mes malles et je partirai demain par le premier train. J’arriverai à Douvres presque aussitôt qu’eux ; nous pouvons les en aviser par le télégraphe.

— Bonté du ciel, mon enfant ! quelle raison te fait ainsi parler ?