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de toilette, préparés pour elles. Madame Davilow et Gwendolen partagèrent le leur avec madame Gascoigne et Anna.

— Miss Arrowpoint a les meilleures manières que j’aie jamais vues, dit madame Davilow à sa fille, pendant qu’elles étaient assez éloignées pour que sa sœur et sa nièce ne pussent l’entendre.

— Je voudrais lui ressembler.

— Pourquoi ? Es-tu mécontente de toi, Gwen ?

— Non, mais je suis mécontente des choses dont elle paraît satisfaite.

— Je suis sûre cependant que tu as dû être contente aujourd’hui. Tu as eu du succès au tir et du plaisir. Je l’ai vu.

— Oh ! c’est passé maintenant et je ne sais pas ce qui va venir, dit Gwendolen en poussant un soupir et en étirant ses beaux bras nus.

Il était de mode de danser en costume de tir, mais sans la jaquette ; aussi la simplicité de son cachemire blanc bordé de vert faisait-elle valoir ses formes admirables. Un mince collier d’or autour du cou et l’étoile d’or sur sa poitrine étaient ses seuls ornements. Ses cheveux, rassemblés en une grande couronne, tranchaient vivement sur la blancheur de son front. Sir Joshua[1] aurait été heureux de faire son portrait.

— Le bal va bientôt commencer, dit madame Davilow, et tu es sûre de t’y amuser.

— Je ne danserai que le quadrille, je l’ai dit à M. Clintock. Je ne valserai ni ne polkerai.

— Pourquoi cette décision subite ?

— Je ne puis supporter d’être tenue par des hommes laids.

  1. Josué Reynold, célèbre portraitiste anglais, né à Plympton en 1723, et mort à Londres en 1792. (N. du trad.)