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inconnu n’était plus jeune ; malgré sa grosse figure et ses larges mains, il semblait être avec eux dans des termes intimes. Il les quitta bientôt pour aller rejoindre les Arrowpoint avec lesquels Grandcourt avait déjà fait connaissance. Elle ne s’occupa que fort peu de cet étranger et voulut observer quelles étaient les manières de Grandcourt avec les autres : absolument les mêmes qu’avec elle, et, en outre, il regardait fort peu miss Arrowpoint, pendant que, impassible, l’index gauche dans la poche de son gilet et sa main droite tordant ses maigres favoris, il écoutait Klesmer qui parlait avec sa fougue habituelle, faisant des gestes et secouant sa crinière qui flottait autour de sa tête.

— Je me demande quel style miss Arrowpoint admire le plus ? se dit Gwendolen, dont les yeux et les lèvres ne purent retenir une expression railleuse. Mais, ne voulant pas avoir l’air de l’examiner avec curiosité, elle se mit à causer avec les personnes qui étaient auprès d’elle, déterminée à ne point s’inquiéter si M. Grandcourt reviendrait ou non.

Il vint cependant pour proposer à madame Davilow de la conduire jusqu’à sa voiture.

— Nous reverrons-nous au bal ? dit-elle, lorsqu’il saluait pour prendre congé.

— Oui, articula-t-il avec lenteur et gravité.

— Tu as eu tort, au moins une fois, Gwendolen, dit madame Davilow, pendant les quelques minutes qu’il leur fallut pour arriver au château.

— En quoi, maman ?

— Sur la mine et les manières de M. Grandcourt. Tu n’as rien pu trouver de ridicule en lui.

— Oh ! si je voulais bien ! mais je n’y tiens pas, répondit-elle avec un peu d’humeur.

Sa mère ne voulut pas insister davantage.

Après le dîner, les dames se rendirent dans les cabinets