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n’avaient besoin que de drainage et de population), ils s’informaient, dans une intention qui n’était pas seulement charitable, si M. Grandcourt était de constitution robuste, vertueux ou au moins réformé, conservateur libéral ou pas trop libéral-conservateur, et, sans souhaiter la mort de personne, ils se disaient que la succession au titre n’était pas à dédaigner.

Si les Arrowpoint ruminaient de telles réflexions, on ne s’étonnera pas qu’elles aient hanté aussi le cerveau de M. Gascoigne, qui, bien qu’ecclésiastique, n’en éprouvait pas moins les sollicitudes d’un parent ou d’un tuteur ; et nous avons vu que madame Gascoigne et lui en étaient venus à sentir combien était lourde la tâche de tenir en bride deux jeunes êtres que les avis judicieux ne pouvaient convaincre.

Naturellement, les uns ne dirent pas aux autres ce qu’ils pensaient de l’arrivée « du jeune Grandcourt ». M. Gascoigne ne demanda pas à M. Arrowpoint à quelle source digne de confiance il était allé puiser, pour savoir si le nouvel arrivant pouvait être un mari sortable pour sa charmante nièce, et madame Arrowpoint ne fit pas remarquer à madame Davilow que, si le pair en expectative cherchait une femme aux environs de Diplow, la seule à laquelle il pût raisonnablement penser devait être Catherine, laquelle en tout cas, ne l’accepterait que s’il était en état d’assurer son bonheur. Même envers sa femme, le recteur garda le silence quant à sa prévision sur un résultat matrimonial, d’après la probabilité que M. Grandcourt verrait Gwendolen au prochain Archery meeting, bien que madame Gascoigne y pensât plus encore que son mari. Elle lui disait :

— Je sais que M. Grandcourt possède deux terres, mais qu’il est venu à Diplow pour chasser. Il faut espérer qu’il donnera le bon exemple au voisinage. As-tu appris quel homme ce peut être, Henry ?