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IX


Huit mois après l’arrivée de la famille Davilow à Offendene, c’est-à-dire à la fin du mois de juin, se répandit dans tout le voisinage une rumeur qui, pour bien des gens, était d’un vif intérêt. Elle n’avait aucun rapport avec les résultats de la guerre d’Amérique, mais elle excitait la curiosité de toutes les classes dans un certain cercle autour de Wancester. Les négociants, les brasseurs, les marchands de chevaux, les selliers, tous enfin la regardaient comme une chose excellente et dont il fallait se réjouir ; car elle démontrait la valeur d’une aristocratie dans le pays libre d’Angleterre. Le serrurier de Diplow croyait à un surcroît de travail, les femmes voyaient déjà leurs fils portant la livrée du seigneur et les fermiers espéraient la construction d’une halle pour la vente de leurs céréales. Si telles étaient les espérances des personnes d’un rang inférieur, ne comptant pas dans la société, on en peut conclure que celles du rang supérieur avaient, pour être satisfaites, de meilleures raisons encore et se rattachant plutôt aux plaisirs de la vie qu’aux affaires. Un point cependant, sur lequel