Page:Eliçagaray - L’Homme à la longue barbe.djvu/52

Cette page a été validée par deux contributeurs.


LETTRES
DE
CHODRUC DUCLOS




LETTRE PREMIÈRE.


Du 8. Bordeaux.


Ma bonne amie, quand tu me fais des reproches sur mon peu de soins pour ce qui te concerne, c’est sans doute pour avoir le plaisir de me gronder ; car je ne puis penser autre chose. Autant que toi, tu le sais, j’ai tes intérêts à cœur ; plus que toi, j’ai toujours tenu la main à ce que tu ne fusses trompée par personne. Tu le sais bien, mais tu es extrême en tout ; tu blâmes sans savoir, ou tu approuves tout sans voir. Tel est ton caractère, avec le meilleur cœur qu’on puisse avoir. J’ai été faire une scène à la diligence pour avoir le plaisir de te croire ; on m’a confondu en me faisant lire sur le registre que c’était parti le 29 du mois dernier. J’ai retiré la preuve et je te l’envoie.

Bertaud et moi sommes sur notre départ ; ma mère ne me donne rien, mais elle me prête