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La dangereuse réputation du Superbe ne manquait jamais d’attirer sur lui les premiers soupçons. Il fut cité comme l’un des auteurs de ce meurtre ; mais au moment où il se commit, à une lieue de la ville, ainsi que nous l’avons rapporté, le Superbe dînait dans une maison de Bordeaux ; il se justifia plus tard, prouva l’alibi, et fut acquitté.

Il n’en resta pas moins quatre mois détenu, sous le poids d’une accusation terrible, que ses ennemis s’étaient empressés d’élever, et il rentrait dans cette prison de la Commune, d’où, plus heureux que lui, venaient de sortir ses camarades.

À l’instant même, un gardien nommé François voulut le traiter brutalement ; le Superbe s’empare soudain d’une cruche qu’il trouve sous sa main, et l’appelant : « Valet ! » la lui brise sur la tête. Quelques personnes ont prétendu que ce n’est pas la cruche, mais la tête qui fut brisée : toujours est-il que cinq gendarmes se présentèrent pour l’arrêter et le plonger dans un cachot. Mais à leur vue, le Superbe s’élance sur l’un d’eux, lui arrache son sabre, et se met en garde au milieu du vestibule de la prison, en leur criant : « Que celui qui a du cœur m’approche ! » Les gendarmes prirent la fuite, dres-